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Entre quelques plantes, les paupières de Kaia vacillent comme sous l'effet d'une brise qu'elle aurait rêvée. Cette nuit, elle n'a pas réussi à rêver - elle s'était retrouvée propulsée de lumière blanche en lumière blanche, au cœur de drôles de halos qui lui semblaient être l'incarnation même d'un trou de mémoire. Des trous béants dont les profondeurs abyssales criaient son nom : un chant guttural qui provenait du fin fond de sa propre existence, qui venait lui rappeler que la clé de ses amnésies reposait entre ses tripes. Il faudrait qu'elle se déchire, pour enfin se rappelait qui elle était et surtout, ce qu'elle avait fait.

Kaia Bailey bat des cils, allongée sur le sol.
Elle n'a rien à faire ici, elle a l'impression d'avoir été laissée pour morte.

L'avaient-ils encore enlevée ?

Kaia craignait le manoir dont personne n'était encore parvenu à sortir : elle aurait vendu son âme pour quelques centimes si cela avait pu convaincre les êtres venus d'ailleurs d'abandonner son corps dans n'importe quel autre endroit, tant que c'était sur terre.

La fraîcheur du carrelage sur lequel elle repose déchiquète la peau nue de son dos : dehors, derrière les vitraux qu'elle n'ose pas briser, le soleil pulse dans un ciel d'aquarelle, de sa lumière incendiaire aux accents presque menaçants.
En l'observant, Kaia a l'impression de faire face à un piège.

Des pas derrière elle, Kaia se retourne, elle passe la main dans ses cheveux pour dissimuler sa gêne, croyant bien faire, elle ne fait que la rendre évidente, piètre actrice qu'elle était.

- Il devrait faire nuit...

Elle voudrait regarder sa montre, mais se rappelle que le mécanisme ne fonctionnait plus.
Étrangement, elle n'avait aucune envie de la réparer et souffrait même d'une drôle de phobie : que l'aiguille se remette à avancer vers l’inexorable aliénation du temps et que ses souvenirs lui reviennent en pleine face, comme un ouragan ou la gifle d'un dieu lassé du jeu cruel qu'il lui avait imposé.

- Où est la lune ? Ils veulent me rendre barge, qu'elle maugrée, toujours le cul par terre, sans vraiment regarder la personne qui lui fait face.